Prologue

 

 

Connu sous de nombreux noms à Luskan mais généralement appelé Morik le Rogue, ou encore le voleur, le plus petit des deux hommes leva la bouteille crasseuse et la secoua afin de repérer la surface sombre de la boisson, avec pour fond la lueur orangée du soleil couchant.

— Plus qu’une gorgée, dit-il, baissant le bras comme pour s’octroyer une dernière lampée.

Son immense compagnon, assis au bout de la jetée à côté de lui, lui arracha la bouteille d’un geste d’une agilité exceptionnelle pour un homme de sa taille. D’instinct, Morik fit mine de reprendre son bien, mais le colosse leva son bras musculeux et repoussa ces mains tendues, puis il vida le récipient d’une unique et longue gorgée.

— Bah ! C’est toujours toi qui finis la bouteille, Wulfgar ! se plaignit Morik, qui gratifia le barbare d’une bourrade peu enthousiaste.

— Je l’ai mérité, répondit Wulfgar.

L’espace d’un court instant, Morik lui jeta un regard sceptique, avant de se rappeler leur dernière joute, lors de laquelle son ami avait en effet remporté le droit de boire la dernière gorgée de la prochaine bouteille.

— C’était un lancer chanceux, grommela-t-il.

Il n’en pensait toutefois pas un mot et était depuis longtemps habitué aux exploits guerriers de Wulfgar.

— Je recommence quand tu veux, assura ce dernier, avant de se lever et de brandir Crocs de l’égide, son extraordinaire marteau de guerre.

Chancelant, il fit claquer l’arme sur la paume de sa main, ce qui fit naître un sourire narquois sur le visage basané de Morik. Celui-ci se leva à son tour et récupéra la bouteille vide, qu’il fit négligemment tournoyer.

— Maintenant ?

— Tu as intérêt à la lancer suffisamment haut, précisa le géant blond, qui leva le bras, son marteau de guerre pointé vers la mer ouverte.

— On aura le temps de compter jusqu’à cinq avant qu’elle touche l’eau, dit Morik avec un regard glacial, rappelant ainsi les règles du jeu dont ils avaient eu l’idée de nombreux jours auparavant.

Morik en était sorti vainqueur les premiers temps, jusqu’au quatrième jour, quand Wulfgar avait compris comment viser la bouteille en chute libre, que son marteau pulvérisait alors en minuscules éclats de verre qui se disséminaient dans la baie. Morik ne pouvait désormais remporter ce concours que lorsque Wulfgar avait abusé du contenu de ladite bouteille.

— Elle ne touchera jamais l’eau, marmonna le guerrier, tandis que Morik prenait son élan.

Le voleur s’immobilisa et, une fois de plus, toisa son acolyte avec un léger dédain, avant de soudain simuler un jet.

— Hein ? s’écria Wulfgar, surpris, qui comprit aussitôt la feinte.

Alors qu’il se retournait vers son compagnon, celui-ci fit un tour sur lui-même et lança enfin son projectile, très haut et très loin.

Droit sur le soleil couchant.

Ne l’ayant pas suivie dès le début de sa trajectoire, Wulfgar ne la vit tout d’abord que du coin de l’œil avant d’enfin la repérer de façon précise. Avec un rugissement, il lança son puissant marteau de guerre, cette arme magique et superbement forgée, qui fila en tournoyant au-dessus de la baie.

Morik poussa un glapissement de joie, persuadé de s’être montré plus futé que son camarade, la bouteille, déjà à vingt bons pas du quai, ayant largement entamé sa descente quand Wulfgar lança son marteau. Personne n’était capable de projeter un marteau de guerre si loin et à une vitesse suffisante pour toucher cette cible, surtout s’il en avait en outre vidé plus de la moitié du contenu au préalable !

La bouteille frôla une vague avant d’être atteinte par Crocs de l’égide, qui la fit éclater en mille débris.

— Elle a touché l’eau ! beugla Morik.

— J’ai gagné, laissa tomber Wulfgar, sur un ton qui n’admettait pas la moindre réplique.

Morik ne put que ronchonner, conscient que telle était la vérité ; le marteau de guerre avait touché la bouteille à temps.

— Quel dommage de perdre un bon marteau pour une simple bouteille, dit alors une voix, derrière les deux amis.

Ils se retournèrent instantanément et virent deux hommes, épées dégainées, qui ne se tenaient qu’à quelques mètres d’eux.

— Tiens, tiens, voici M. Morik le Rogue, dit l’un d’eux. (Ce grand échalas, la tête recouverte d’un foulard et un œil d’un cache, agitait une lame courbe rouillée devant lui.) J’ai appris que tu avais soutiré une petite fortune à un marchand de gemmes la semaine dernière. M’est avis que tu ferais bien de partager ce butin avec mon ami et moi…

Morik leva les yeux vers Wulfgar, qui comprit, d’après le sourire ironique et le scintillement des yeux noirs de son compagnon, que celui-ci n’avait pas l’intention de partager quoi que ce soit, à part peut-être la lame de sa dague.

— Et toi, tu aurais pu t’y opposer si tu n’avais pas jeté ton marteau, s’amusa l’autre voyou, aussi grand que son compère mais nettement plus épais et crasseux.

Quand il pointa son épée vers Wulfgar, ce dernier recula de quelques pas hésitants, au point de manquer de peu de tomber au bout de la jetée – c’est en tout cas l’impression qu’il donna.

— Vous auriez dû trouver ce marchand de gemmes avant moi, répondit calmement Morik. En supposant qu’il existe véritablement, mon ami, car je t’assure que je n’ai aucune idée de ce dont tu parles.

Le plus maigre des individus poussa un grognement et menaça sa victime désignée de son épée.

— Assez, Morik ! cria-t-il.

Ces mots à peine prononcés, Morik bondit en avant et plongea sous la lame courbe, puis il se retourna, le dos contre l’avant-bras de son agresseur stupéfait, qu’il repoussa avant de lui lever le bras de la main droite. À la même seconde, Morik brandit sa main gauche, brillant d’un éclat argenté sous les dernières lueurs du jour, et planta sa dague sous l’aisselle de son adversaire.

Pendant ce temps, l’autre voyou, pensant avoir affaire à une proie facile car désarmée, s’élança. Il écarquilla ses yeux injectés de sang quand Wulfgar leva le bras droit, qu’il avait gardé dans le dos, révélant ainsi que le formidable marteau de guerre lui était revenu en main de façon magique. Il s’arrêta net et jeta un regard paniqué à son complice. Hélas pour lui, ce dernier, à présent désarmé, prenait la fuite, poursuivi par Morik, qui le raillait entre deux rires hystériques, sans cesser de lui frapper les fesses.

— Non ! s’écria l’autre en essayant de faire demi-tour.

— Je peux atteindre une bouteille en pleine chute, lui rappela Wulfgar.

L’inconnu s’immobilisa et se tourna lentement vers l’immense barbare.

— On ne veut pas d’ennuis, dit-il, s’inclinant à plusieurs reprises tandis qu’il posait son épée sur les planches de la jetée. Pas d’ennuis, monseigneur…

Wulfgar lâcha Crocs de l’égide et le voyou se figea, le regard rivé sur l’arme.

— Ramasse ton épée, si tu veux, lui proposa le barbare.

N’en croyant pas ses oreilles, il observa ce géant désarmé – si l’on exceptait ces impressionnants poings, bien entendu – et récupéra son épée.

Sans lui laisser le temps de porter son premier coup, Wulfgar fut sur lui et lui agrippa le poignet. D’une torsion, aussi soudaine que brutale, il leva ce bras et frappa son adversaire en pleine poitrine, d’un violent coup qui laissa le misérable sans force et le souffle coupé. L’épée retomba sur le quai.

Wulfgar secoua de nouveau le bras et souleva ainsi le voyou, dont l’épaule se déboîta sous le choc. Il lâcha ensuite le malheureux, qui retomba lourdement sur ses pieds, puis il le frappa d’un sévère crochet du gauche en pleine mâchoire. Seule la main droite du barbare, de laquelle il empoignait la tunique du voyou, empêcha ce dernier de s’effondrer sur la jetée. Avec une force terrifiante, Wulfgar le souleva et le maintint à trente bons centimètres des planches.

L’homme essaya d’agripper son tortionnaire afin de se libérer mais celui-ci le secoua avec tant de brutalité qu’il fut près de se sectionner la langue à coups de dents, tandis que ses membres semblaient faits de caoutchouc.

— Celui-ci ne vaut pas grand-chose, dit Morik.

Wulfgar regarda au-delà de sa victime et constata que son compagnon avait contourné son adversaire, ainsi contraint de revenir vers l’extrémité du quai. Le pauvre boitait bas et implorait en gémissant la pitié de son poursuivant, ce qui ne faisait qu’encourager Morik à le frapper de plus belle, provoquant ainsi de nouveaux glapissements.

— Je t’en prie, mon ami, bégaya le brigand que Wulfgar maintenait suspendu.

— La ferme ! éructa le barbare, qui baissa subitement le bras.

Il pencha la tête en avant et, les puissants muscles de son cou contractés, il écrasa du front le visage de son vis-à-vis.

Une rage primitive bouillonnait en lui, une fureur qui dépassait de loin cet incident, cette tentative d’agression. Il ne se trouvait plus sur un quai de Luskan mais de retour dans les Abysses, dans la tanière d’Errtu, prisonnier torturé de ce maudit démon. Cet humain n’était désormais plus que l’un des esclaves du glabrezu armé de pinces ou, pis encore, de l’irrésistible succube. Wulfgar était de retour là-bas ; il discernait la fumée grise, respirait la puanteur immonde, ressentait la piqûre des fouets et des feux, les pinces sur sa gorge et le baiser glacé de ce démon femelle.

Cette scène lui était venue avec tant de clarté ! Si vivante ! Le cauchemar éveillé le hantait de nouveau et le harcelait par le biais de cette rage pure en le torturant tant mentalement que physiquement. Il ressentait la démangeaison et la brûlure provoquées par les petits mille-pattes dont se servait Errtu et qui creusaient sous sa peau et s’introduisaient en lui, leurs pinces venimeuses allumant des milliers d’étincelles. Ils étaient en lui et sur lui, ils le recouvraient, leurs minuscules membres le chatouillaient et stimulaient ses nerfs afin de lui faire sentir davantage l’exquise douleur du venin brûlant.

De nouveau torturé, certes, mais de façon soudaine et inattendue, Wulfgar se rendit compte qu’il n’était plus sans ressources.

Il souleva sans effort un peu plus son prisonnier, malgré le poids du voyou, qui devait nettement dépasser les quatre-vingt-dix kilos, puis, avec un rugissement bestial, un cri issu de ses tripes retournées, il le lança vers la mer.

— Je ne sais pas nager ! hurla le bandit, qui, agitant pitoyablement bras et jambes, retomba dans l’eau à près de cinq mètres du quai.

Wulfgar détourna le regard, n’entendant manifestement pas les cris de sa victime, qui se débattait en provoquant de sérieux remous.

— Il ne sait pas nager, dit Morik, quelque peu surpris par le comportement de son ami, qui revenait vers lui.

— C’est le bon moment pour apprendre, alors, marmonna froidement le barbare, dont les pensées étaient encore égarées dans les couloirs enfumés de l’immense donjon d’Errtu.

Il n’avait pas un instant cessé de se frotter les bras et les jambes, afin d’en ôter les mille-pattes imaginaires.

Morik haussa les épaules et avisa l’autre agresseur, qui s’agitait et criait sur les planches, à ses pieds.

— Sais-tu nager ? lui demanda-t-il. (Le voyou lui lança un regard hésitant et, plein d’espoir, hocha légèrement la tête.) Va t’occuper de ton ami, alors.

Le brigand obtempéra et commença à se traîner avec difficulté.

— Je crains que son complice se noie avant qu’il le rejoigne, fit observer Morik à Wulfgar, qui ne parut pas l’entendre. Allez, va secourir ce pauvre diable ! (En soupirant, il saisit son compagnon par le bras et le força à reprendre ses esprits.) Fais-le pour moi ; je n’ai pas envie de commencer la nuit avec une mort sur la conscience.

Wulfgar poussa à son tour un soupir. Une main sur la ceinture du bandit et l’autre sur son col, il l’empoigna et le souleva sans effort. Il prit ensuite trois pas d’élan et lança son fardeau, qui toucha la surface en un somptueux plat du ventre, non loin de son compagnon.

Wulfgar ne prit même pas le temps d’assister à cette chute. Ayant perdu tout intérêt pour ces événements, il se retourna et, après avoir mentalement rappelé Crocs de l’égide, il s’éloigna de Morik, qui s’inclina avec respect au passage de son redoutable ami avant de le rattraper alors qu’il quittait la jetée.

— Ils se débattent toujours dans l’eau, dit-il. Le gros s’agrippe stupidement à l’autre, ce qui les fait couler. Ils vont peut-être tous les deux se noyer…

Wulfgar ne semblait pas s’en soucier, réaction fidèle à ce que renfermait alors son cœur. Morik, à qui cela n’échappait pas, jeta un dernier regard vers le port et haussa les épaules. Ces deux voyous l’avaient bien cherché, après tout.

On ne plaisantait pas impunément avec Wulfgar, fils de Beornegar.

Ainsi, Morik n’y pensa plus – il ne s’en était de toute façon pas vraiment inquiété – et considéra son ami, son surprenant compagnon, formé à l’art du combat par un elfe drow !

Il esquissa alors une grimace. Bien évidemment, Wulfgar, perdu dans ses pensées, ne la remarqua pas. Morik songea alors à un autre drow, un visiteur venu le trouver de façon inattendue peu de temps auparavant pour lui demander de garder un œil attentif sur Wulfgar. Cet elfe noir l’avait d’ailleurs payé d’avance pour ses services – non sans préciser avec insistance que son maître ne serait pas satisfait si Morik ne menait pas à bien la mission qui lui était « proposée ». Morik n’avait plus entendu parler des elfes noirs depuis lors, pour son plus grand soulagement, néanmoins il n’oubliait pas sa tâche et continuait à surveiller Wulfgar.

Non, ce n’est pas tout à fait cela, se dit-il. Sa relation avec Wulfgar avait dans un premier temps été purement fondée sur son intérêt personnel, autant parce qu’il craignait le drow que parce qu’il redoutait Wulfgar et désirait en apprendre davantage sur celui qui était de toute évidence devenu son rival au sein du monde des rues. Puis les choses avaient évolué. Il n’avait plus peur de Wulfgar, même s’il s’inquiétait parfois pour cet homme, profondément perturbé et perdu. Morik ne songeait presque jamais aux drows, qui ne s’étaient pas manifestés depuis des semaines et des semaines. De façon surprenante, il en était venu à apprécier Wulfgar et sa compagnie, en dépit des nombreuses occasions où son caractère maussade assombrissait le barbare.

Il avait à plusieurs reprises été près de lui parler de la visite de l’elfe noir, suivant un désir naturel d’avertir celui qui était devenu son ami. Mais il n’en avait rien fait… Son côté pratique, le pragmatisme prudent grâce auquel il survivait dans l’environnement hostile qu’étaient les rues de Luskan, lui rappelait qu’il n’avait aucun intérêt à agir de la sorte. Si les elfes noirs venaient chercher Wulfgar, que ce dernier s’y attende ou non, il serait vaincu. Il s’agissait de drows, tout de même, armés d’une magie puissante et des lames les plus efficaces, capables de pénétrer sans y avoir été invités dans la chambre de Morik pour l’éveiller alors qu’il s’y reposait. Wulfgar lui-même devait également dormir. Si ces étranges personnages, après avoir réglé son compte au pauvre Wulfgar, apprenaient que Morik les avait trahis…

Un frisson parcourut la colonne vertébrale du voleur, qui chassa avec fermeté ces pensées déstabilisantes et revint à son imposant ami. Curieusement, il le considérait comme son semblable, un homme capable d’être – cela avait d’ailleurs été le cas – un noble et puissant guerrier, un meneur d’hommes, mais qui, pour une raison ou une autre, avait connu la disgrâce.

Morik estimait sa propre situation analogue à celle de son ami, même si en vérité, la trajectoire suivie depuis son enfance devait forcément le mener à sa position actuelle. Si seulement sa mère n’était pas morte en le mettant au monde et si seulement son père ne l’avait pas abandonné dans la rue…

À observer Wulfgar, Morik ne pouvait s’empêcher d’imaginer l’homme qu’il serait lui-même devenu et celui qu’avait été le barbare. Les circonstances les avaient tous deux mal servis, de son propre avis, aussi n’entretenait-il guère d’illusions quant à leur relation actuelle. La réalité du lien qui l’unissait à Wulfgar, la véritable raison pour laquelle il restait si proche de lui, ce malgré ses emportements – cet homme était tout de même surveillé par les elfes noirs ! – était qu’il le considérait comme un frère cadet.

Cela et le fait que l’amitié de Wulfgar lui permettait d’être davantage respecté par la racaille. Pour Morik, il devait toujours y avoir une justification d’ordre pratique.

Le jour touchait à sa fin, la nuit approchait, ainsi que l’heure de Morik et Wulfgar, l’heure à laquelle les rues de Luskan s’éveillaient à la vie.

L'Épine Dorsale du Monde
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